08/03/2021
Le corps départemental des sapeurs-pompiers du Bas-Rhin compte près de 800 femmes sapeurs-pompiers. Parmi elles, Océane, officier de sapeurs-pompiers professionnels, et Nathalie et Florine, toutes les deux sous-officiers de sapeurs-pompiers volontaires.
Découvrez leurs portraits :
Pourquoi avez-vous souhaité devenir sapeur-pompier professionnel ?
Dans le cadre de mon engagement en tant que sapeur-pompier volontaire (SPV), j’ai eu la chance d’exercer dans différentes casernes, de travailler avec différentes personnalités et de partager des retours d’expériences. À travers mon engagement SPV, je me suis tout simplement projetée dans ce métier. Et, j’avais envie d’un métier dynamique et physique, un métier où l’on ne reste pas sur ses acquis tout en restant dans ma valeur altruiste. Peut-être avais-je envie aussi de me prouver quelque chose, et finalement le défi est devenu une vocation.
© STIS 67 - Jérôme BoulangerEst-ce que vous vous souvenez de votre première intervention en tant qu’officier de sapeur-pompier ?
Ironiquement oui, car je suis un véritable chat blanc : je suis l’assurance des gardes reposantes… À tel point que pour mon premier départ, je ne savais pas qui était le plus enjoué : mes collègues ou moi ! Mais il y avait surtout la montée d’adrénaline, celle qui vous fait dire « ça y’est, cette fois, on y est… mon cœur de métier commence.». Je me souviens également de beaucoup d’interrogations et de remises en questions pour toujours mieux faire aussi bien d’un point de vue opérationnel que sur le commandement. Il s’agissait d’une « Procédure gaz courante », il ne nous restait plus qu’à faire des relevés et attendre notre collaborateur de Gaz de Barr pour lever le doute. Rien de bien méchant, la fuite de gaz s’averait être une chaudière défectueuse. Finalement, ce n’est pas plus mal, je préfère commencer sur des évènements mineurs et monter crescendo avec l’expérience.
Avez-vous une intervention marquante à nous faire partager ?
Je suis intervenue en qualité de sauveteur en eaux vives pour une recherche de victimes conséquente à une voiture tombée dans une rivière. Entre le succès du sauvetage de l’une des victimes auquel j’ai participé, le dispositif d’ampleur et la particularité de cette intervention, c’était beaucoup d’émotions ! Je retiens la satisfaction d’avoir pu porter secours dans ces conditions très difficiles. Par ailleurs, ma fonction de chef de salle au centre de traitement de l’alerte 18 me permet de vivre des évènements particuliers en terme de gestion des interventions. Je le constate à travers le travail de mes opérateurs lorsque ceux-ci traitent un appel d’urgence. Il s’agit d’envoyer les moyens adéquats tout en rassurant le requérant, le guidant dans d’éventuels actions et ce parfois jusqu’à l’arrivée des secours sur place. Les exemples ne manquent pas : un appel pour un accident cardio-respiratoire, un accident de la circulation, un feu d’habitation peu importe la nature et la gravité, si le besoin d’être suivi se fait ressentir, le requérant se fera épauler de son appel jusqu’à l’arrivée des secours.
Quelle peut être la plus-value d’une femme au centre de traitement de l’alerte ou sur une opération de secours d’urgence ?
Même si cela peut paraître cliché : le calme, la douceur et la sérénité. Notre timbre de voix force notre interlocuteur à se concentrer sur ce qu’on dit, le tunellise et lui permet de faire abstraction d’un environnement stressant.
Vous êtes la première femme à occuper la fonction de « chef de salle » au CTA-CODIS des sapeurs-pompiers du Bas-Rhin, quel est votre ressenti ?
De la fierté, beaucoup… Je ne pensais pas avoir un poste aussi exigeant et déterminant pour une première fonction, il est très valorisant et enrichissant ! Je suis reconnaissante de pouvoir l’exercer et de la confiance que l’on m’a accordée en me recrutant sur ces fonctions.
En tant que femme, avez-vous été confrontée à des difficultés particulières ?
Aujourd’hui la place de la femme n’est plus à faire. Il n’y a pas d’hommes, il n’y a pas de femmes, uniquement des agents soucieux de mener à bien leurs missions de secours d’urgence.
Personnellement, j’ai toujours fait en sorte de donner plus que les autres pour essayer d’être irréprochable : hors de questions que mon sexe me définisse. J’ai voulu faire un métier éprouvant, c’est donc à moi de m’adapter et non l’inverse.
Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits de la femme, quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaiterait devenir sapeur-pompier professionnel ?
De ne pas hésiter, il s’agit de l’une des aventures humaines la plus enrichissante à mon sens. Pour ce qui est de la question de la femme : si vous partagez des valeurs humaines et avez envie de vous dépasser alors foncez… On a rien à envier mais tout à prouver.
Comment devenir sapeur-pompier professionnel ?
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Florine, 27 ans
Sergent-chef de sapeurs-pompiers volontaires (SPV) affectée au centre d’incendie et de secours de Molsheim
Pourquoi avez-vous souhaité vous engager en tant que sapeur-pompier volontaire ?
Aucun membre de ma famille n’a été sapeur-pompier avant moi, je ne suis donc pas née « dedans ». Par contre dès le plus jeune âge, j’avais la volonté de vouloir aider et surtout être utile. Je pense que ma passion pour le monde des pompiers m’est venue en regardant les sapeurs-pompiers de Duttlenheim s’entraîner le dimanche matin (la caserne était à l’époque au bout de ma rue). Rien qu’à les voir, je devinais la cohésion et l’esprit de corps qui les animaient et j’avais envie d’en être. Je n’avais pas tout à fait 10 ans lorsque j’ai pu intégrer leur batterie fanfare et déjà ça, c’était quelque chose !
© STIS 67 - Jérôme BoulangerFinalement j’ai suivi le cursus de jeunes sapeurs-pompiers pendant quatre ans. Si j’ai pu m’y faire de très bons copains (qui sont pour certains toujours des collègues aujourd’hui), ces années m’ont surtout permis qu’acquérir une riche expérience autour des valeurs des sapeurs-pompiers. Je garde un très bon souvenir des concours de manœuvres, mais aussi des compétitions sportives. J’ai d’ailleurs représenté mon département une année à l’épreuve du lancé de poids à la finale nationale du parcours sportifs du sapeur-pompier et des épreuves athlétiques. Après le brevet, je me suis engagée comme sapeur-pompier volontaire au centre d’incendie et de secours de Duttlenheim, avant de déménager à Molsheim. Et après toutes ces années, je suis toujours aussi fière de mettre mon uniforme de sapeur-pompier.
Avez-vous une intervention marquante à nous faire partager ?
C’était il y plusieurs années maintenant, mon premier incendie d’envergure : un important feu de toiture d’une habitation. J’étais équipier BAL (binôme d'alimentation), mais rapidement nous sommes passés, mon chef et moi BAT 2 (le second binôme d’attaque). Après une double alimentation de l’engin-pompe, notre mission conjointe à celle d’un binôme de la section locale déjà en place, était la reconnaissance de l’habitation, puis d’enrayer la propagation du feu. C’est une fois à l’intérieur de l’habitation que j’ai réellement compris l’importance d’être deux. Lorsqu’on est dedans, on ne voit pas grand-chose, les bruits sont assez assourdissants et ce qui nous reste, c’est notre binôme. On se remet alors totalement l’un à l’autre pour avancer et mener à bien notre mission. Depuis, je sais que la confiance est primordiale chez les sapeurs-pompiers. C’est cette confiance qui nous lie les uns aux autres et qui nous permet de mener à bien nos missions de secours d’urgence. Le lendemain en voyant l’opération relayée par le journal local, j’étais plutôt fière et je crois même avoir encore l’article rangé quelque part chez moi !
Quelle peut être la plus-value d’une femme sur une opération de secours d’urgence ?
On dit souvent des femmes qu’elles parlent trop. Ce n’est pas tout à fait faux. Les femmes expriment leurs pensées différemment et de façon plus directe. La façon qu’à une femme de communiquer, lui permet, selon moi, de gérer les émotions différemment, de les comprendre et de rester calme et attentive dans l’adversité. Elle apporte alors une certaine serénité. Je généralise un peu, car il est finalement autant question d’individus que de genre. Mais c’est justement parce qu’un homme et une femme sont différents que nous nous complétons aussi bien en opération.
Vous êtes animatrice « jeunes sapeurs-pompiers - JSP » depuis 2017, que vous apporte cette activité ?
J’ai moi-même été JSP. Je voulais à mon tour pouvoir former des jeunes au monde des sapeurs-pompiers et leur partager ma passion. D’abord, parce que j’aime transmettre, mais aussi parce que « l’animation » j’adore cela. J’ai passé mon BAFA à l’âge de 17 ans et très rapidement j’ai accompagné des jeunes en colonie de vacances, que ce soit en France ou à l’étranger. Cela m’a permis de développer mon sens des responsabilités et de maitriser les techniques d’encadrement. Au final, j’ai l’impression que je n’en finis pas d’apprendre, grâce à mes jeunes sapeurs-pompiers et à mon équipe encadrante.
Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits de la femme, quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaiterait rejoindre les sapeurs-pompiers volontaires bas-rhinois ?
Je lui donnerais les mêmes conseils qu’à un homme : fonce ! Il n’est jamais trop tard pour s’engager, à condition d’avoir de la volonté. Pour cette activité il va falloir se surpasser, mais avec un peu d’entraînement et de la détermination, devenir sapeur-pompier volontaire reste très accessible. Et être une femme n’est en rien un frein, à condition d’avoir un peu de « carrure », parce que même si les mentalités changent doucement, dans l’imaginaire collectif le sapeur-pompier reste un homme. Mais des femmes héroiques et fortes, je pourrais en citer un certain nombre, à commencer par celles de mon centre d’incendie et de secours. Qu’elles soient professionnelles ou volontaires, elles ont dû faire leur preuve, peut-être parfois même plus qu’un homme. Mais si elles sont là aujourd’hui, c’est parce qu’elles ont démontré qu’elles avaient toute leur place dans une caserne.
Comment prendre un engagement citoyen de sapeur-pompier volontaire ? Conditions, formation... retrouvez toutes les informations dans la rubrique Engagement et emploi › Sapeur-pompier volontaire › SPV : un engagement citoyen
Nathalie, 50 ans
Sergent-chef de sapeur-pompier volontaire affectée au centre d’incendie et de secours d’Erstein
Pourquoi avez-vous souhaité devenir sapeur-pompier volontaire ?
J’ai été témoin d’un accident de la route à l’âge de 19 ans, un accident tragique avec de nombreuses victimes mais je ne savais pas quoi faire, j’aurai voulu pouvoir aider. J’ai donc décidé très tôt de commencer mon brevet de secourisme, de réanimation et de secours routier. Je ne pouvais pas m’engager en tant que sapeur-pompier tout de suite pour des raisons familiales, et c’est en 1996 à l’âge de 26 ans que je suis entrée au corps des sapeurs-pompiers au sein de la commune de Truchtersheim. À l’époque nous étions trois femmes !
© STIS 67 - Jérôme BoulangerAprès 20 années d’engagement en tant que sapeur-pompier volontaire, quel regard portez-vous sur cet engagement ? Quels sont les temps forts qui vous ont marqués ? Quelle peut être la plus-value d’une femme sur une opération de secours d’urgence ?
Je porte un regard très bienveillant sur cet engagement. Cela m’a énormément apporté, des connaissances techniques et pratiques bien sûr, mais je retiens également les relations que j’ai pu nouer, aussi bien avec mes collègues sapeurs-pompiers qu’avec les victimes que j’ai pu rencontrer au long de mon engagement.
Les temps forts de mon engagement sont surtout au niveau opérationnel. L’intervention qui m’a le plus marqué a eu lieu au début de mon engagement, c’était mon premier incendie d’ampleur. Celui-ci était situé à Reitwiller, c’était une nuit glaciale de décembre, le feu était visible depuis la caserne, c’était très impressionnant. Notre intervention a duré toute la nuit. J’ai également eu le bonheur d’intervenir pour un accouchement sur le bord de la RD1083 en 2016. Une petite fille est née dans notre véhicule de secours et d’assistance aux victimes (VSAV) pour le plus grand bonheur de sa maman et de notre équipage. Lors de cette intervention, être une femme a été un avantage parce que la mère était paniquée en raison de la rapidité des événements, et être prise en charge par une femme lui a permis d’être plus en confiance et rassurée. Étant également maman j’ai pu trouver les bons mots et la réconforter. Mes collègues masculins ont été bienveillants en restant en retrait, tout en étant prêts à intervenir en cas de besoin.
Que retenez-vous à l’issue d’une opération de secours d’urgence ?
Cela dépend beaucoup de l’intervention. Lorsque l’on intervient pour des opérations diverses, des ascenseurs bloqués, les captures d’animaux ainsi que les inondations lors d’intempéries, je ressens une satisfaction du service rendu, d’avoir été utile à la population. Lors des interventions de secours à personne ou de secours routiers importants, je pense qu’au retour d’intervention il faut débriefer avec son équipage et toutes les personnes présentes sur l’intervention. C’est important psychologiquement car certaines fois nous sommes confrontés à des évènements tragiques et nous voyons des choses difficiles.
Comment réagissent nos concitoyens lorsqu’ils vous rencontrent ?
Les concitoyens, quand ils rencontrent une femme sapeur-pompier sont très étonnés, admiratifs. La plupart du temps ils posent beaucoup de questions telles que « Comment vous faites pour porter ces tuyaux ? » ; « Vous conduisez aussi le camion ? » encore étonnés de me voir au volant ! Les réactions varient beaucoup, mais en général c’est positif et admiratif. En tant que femme, la communication semble plus aisée avec la population voire facilitée.
En tant que femme, avez-vous rencontré des difficultés particulières, notamment à vos débuts où les femmes sapeurs-pompiers étaient encore rares ?
Aucune. J’ai toujours eu un caractère fort, physiquement je me maintiens en forme, je n’ai jamais eu de soucis particuliers. Je n’ai jamais demandé de l’aide, je me suis toujours débrouillée pour réussir. Mais c’est vrai qu’en tant que femme, nous sommes toujours observées. On sait qu’il faut assurer et montrer que nous y arrivons. Le milieu des sapeurs-pompiers reste encore un milieu masculin, il faut savoir y faire sa place et la tenir.
Vous êtes maman, quelles questions posent vos enfants à propos de votre engagement citoyen ?
J’ai deux filles, une de 14 ans et une de 18 ans, depuis toutes petites elles sont très curieuses sachant que mon mari est lui sapeur-pompier professionnel. Quand nous sommes appelés en intervention, elles nous demandent « vous sortez pour quel type d’intervention ? », « Où allez-vous ? ». Elles ont toujours un peu d’appréhension évidemment lorsque nous partons pour un incendie par exemple. Nos valeurs ont été transmises… l’ainée est en école d’infirmière et la plus jeune de mes filles s’est engagée en tant que jeune sapeur-pompier, elle perpétue la tradition familiale !
Altruisme - Respect - Esprit d'équipe – Engagement sont les valeurs portées et partagées des sapeurs-pompiers du Bas-Rhin au service du secours d’urgence : quelle est celle qui correspond le plus à votre engagement ?
La valeur qui correspond le plus à mon engagement est le respect, pour trois raisons :
Aujourd’hui, c’est la journée internationale des droits de la femme, quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaiterait devenir sapeur-pompier volontaire ?
Allez-y, lancez-vous ! Si on a envie d’aider son prochain et de se sentir utile, il ne faut pas hésiter, avec du courage et de la ténacité, on y arrive ! Les femmes ont toute leur place au sein du corps départemental des sapeurs-pompiers. Il suffit de se lancer dans l’aventure en s’engageant.
Comment prendre un engagement citoyen de sapeur-pompier volontaire ?
Conditions, formation... retrouvez toutes les informations dans la rubrique Engagement et emploi › Sapeur-pompier volontaire › SPV : un engagement citoyen
