Comment avez-vous vécu votre engagement en Gironde ?
« Cette spécialité sort du cadre urbain que l'on pratique quotidiennement, elle me permet d'être au contact de la nature, d'œuvrer pour la protection du milieu naturel, d'appliquer des techniques différentes adaptées aux feux en milieux forestiers. Cela développe aussi notre capacité d'autonomie et de réflexion sur notre gestion physique et mentale lors d'engagements de longue durée. C'est pour cela que j'ai voulu prétendre à cette spécialité.
Avec deux renforts à mon actif, je n'ai pas une grande expérience en termes d'engagement extra-départemental pour les feux de forêt néanmoins la Gironde est un sinistre de grande ampleur rarement vu en France. On a assisté à des phénomènes inhabituels tels que le changement de direction du vent quasi instantanée et la propagation du feu par les sauts de feux et via le sol. On a mis en œuvre des techniques peu souvent pratiquées en intervention, cette fois-ci de manière très concrète. Notre méthode d'intervention est différente de celle des sapeurs-pompiers girondins mais très complémentaire. Ils utilisent leurs engins sans en sortir pour pénétrer dans les pinèdes et attaquer le feu avec leurs lances canon contrairement à nous qui progressons à pieds et établissons au sol.
Durant ces huit jours, j'ai pu d'une part tendre vers mes limites en termes de sommeil car notre engagement était long et quasi uniquement la nuit avec des phases de travail de près de 14 heures.
Il a fallu s'adapter pour trouver les quelques heures de repos qui étaient à notre disposition. Dès qu'une sieste était possible, ne pas la louper, même 30 minutes à même le sol sur la veste de feu ou dans les engins. D'autre part, notre alimentation était également désordonnée. Des collations sur le pouce, sur le terrain, apportées par le soutien sanitaire et la logistique, à des horaires totalement imprévisibles. Ainsi, le mental a été fortement sollicité, la gestion de l'effort, l'endurance afin d'être constant et de tenir sur la durée.
Avec une vigilance sur l'hygiène de vie du mieux possible pour éviter les blessures et autres mésaventures.
La chaleur était également très intense avec 42 degrés au plus fort le lundi. La température ambiante dans les fumées était plus élevée de 8 degrés qu'en dehors du chantier. Les véhicules affichaient encore une température de 32 degrés vers 2 h du matin dû à la chaleur de l'incendie.
Et pour finir nous étions sans interruption dans un nuage de fumée qui engendrait toux, yeux irrités, intoxication pour certains. »